Une jeune femme Turque d’origine Kurde immigrée en France fait une demande de carte de séjour. La procédure administrative prend plusieurs mois. Dans l’attente du traitement de sa demande, elle se retrouve administrativement paralysée. Elle n’a pas le droit de travailler. Elle décide alors d’apprendre la langue maternelle de son père, le kurde et ce malgré les dissensions à ce sujet en Turquie. Le kurde y a été interdit pendant plusieurs années par la loi. L’apprentissage du kurde fait réfléchir cette jeune femme sur son identité. Elle questionne également le rapport à son père; un père qui est parti à l’autre bout du monde et avec qui elle n’a plus de contact depuis des années. Elle exhume la honte d’être Kurde, une honte qu’elle a portée inconsciemment pendant des années. Elle s’interroge sur le racisme qu’elle a subi et avec lequel elle s’est construite en tant qu’enfant.
Le récit de cette femme devient un voyage vers son passé, son enfance. Elle témoigne du quotidien d’une famille modeste Kurde dans la société Turque du milieu des années quatre-vingt-dix. Pendant ce voyage entre la Turquie et la France, elle parle à son père par la langue du pays auquel elle est immigrée. Elle porte le français comme un gilet de sauvetage, une langue qu’elle ne maitrise pas totalement et que personne d’autre dans sa famille ne parle ni ne comprend. Une langue peut-elle être un gilet de sauvetage ? Déterrer les mots de ces ancêtres peut-il vraiment éclairer des rapports complexes à sa famille et à son identité ? Comment le racisme quotidien sème la violence et la honte chez les individus ? Peut-on dissocier la violence dans une famille de celle d’une société dans laquelle elle s’est construite ?